Eglise paroissiale de Saint Sigismond

A l'intérieur, une tribune est soutenue par de fines colonnettes. Un remarquable décor baroque du XVIII eme en bois sculpté polychrome orne à la fois le maître-autel et les deux chapelles. Le maître-autel occupe entièrement l'arrondi du cœur. Au sommet, Dieu le Père, représenté sous l'aspect d'un vieillard barbu, sort des nuées au milieu de rayons dorés, entouré d'angelots et de draperies. Il domine un Christ en croix situé lui même au dessus du tabernacle, ou se trouve représentée la colombe. La Trinité- le Père, le fils et le Saint Esprit- est donc offerte à la méditation des fidèles dans une représentation caractéristique de l'art baroque.

Le retable s'orne de quatre statues importantes disposées dans des niches séparées par des colonnades. A droite, un remarquable groupe représente Saint Joseph, une hache sur l'épaule qui tient l'enfant Jésus par la main. L'enfant est somptueux de calme et de vie ; sa divinité est affirmée par un vêtement entièrement doré. Il marche, pieds nus, une vague sculptée dans une seule pièce de bois. Joseph en menuisier puissant, le tient fermement par la main. Il est vêtu de vert, symbole de l'espérance et de la foi, et d'or, couleur de la sainteté. Le groupe est animé par un véritable mouvement, et les attitudes sont d'une réelle beauté.

La grande statue de Saint Sigismond est étonnante : roi couronné, habillé d'or et d'écarlate, il impose aux regards par une force et une puissance qui tranche avec la douceur de Saint François de Sales et de Saint Etienne portant la palme des martyrs, à ses côtés. Saint Sigismond vécu autour de 524. En 494 il épouse Ostrogothe, la fille du roi d'Italie Théodoric. Il restaure le monastère Saint Maurice en Valais. Mais à la mort de sa femme, il eut la faiblesse, pour faire plaisir à sa seconde épouse, de faire étrangler son fils. Il s'en repentit fit pénitence, mais capturé (près d'Orléans) par Clodomir (fils de Clovis) roi des Francs, il est jeté dans un puits avec femme et enfant. Cette mort horrible servit d'expiation et son culte se répandit.

L'image de Saint Sigismond rassemble toute la symbolique baroque. Le rouge du manteau exprime la puissance, la force et l'or, la sainteté. Le roi porte le globe surmonté d'une croix, il veut faire régner le christianisme sur terre. Enfin, sa main droite porte le symbole de la puissance royale. Le visage est orné d'une fine moustache et l'allure est celle d'un guerrier conquérant.

Etienne fut diacre de la première communauté chrétienne. Il fut lapidé, on le considère comme le premier martyr de l'église. A ses côtés Saint François de Sales que l'on rencontre si souvent en Savoie et Haute-Savoie. Il est né en 1567 à Thorens les Glières en Haute Savoie. Il devint prêtre en 1590. Il consacre une partie de son ministère à la convention des calvinistes du Chablais. En 1602 il devient évêque de Genève et fonde l'ordre de la Visitation avec Jeanne de Chantal(1610). Il rédige L'introduction à la vie dévote et le Traité de l'amour de Dieu ou il enseigne une piété de la vie quotidienne qui connut une grande audience dans la société du XVII eme siècle. On disait que sa spiritualité avait la douceur du miel.

Le tabernacle est richement orné de draperies, d'angelots et d'un crucifix. Cet autel mérite une attention particulière par la qualité de l'exécution et surtout la maîtrise de la statuaire.

 

 

 

Deux autels situés à l'entrées du cœur reprennent la même ornementation. L'autel, à droite, est dédié à la Vierge, on y retrouve les angelots et des couronnes de roses. L'autel de Saint Michel est en moins bon état (on y a mis une statue du Sacré-Coeur de Jésus, en plâtre ). Le décor utilise des fruits : pommes, poires et raisins forment des guirlandes de part et d'autre d'une toile ancienne .

La coupole très lumineuse est soulignée aux quatre coins par les évangélistes (Marc avec son lion, Luc avec son bœuf, Mathieu avec son ange et Jean avec un aigle). Au centre de la coupole, une fresque représente une allégorie de martyr de Saint Sigismond : le saint tenant une palme, debout à côté d'un puits, désigne le lieu de son martyr.

Par l'iconographie utilisée, tant dans le retable que dans les chapelles latérales, l'église de Saint Sigismond offre un exemple très remarquable de l'iconographie religieuse de la contre réforme. Elle applique les règles générales de l'art baroque (angelots, rayons, dieu dans les nuées, couleurs) mais la réalisation est plus populaire, moins grandiloquente.

Texte de Françoise Dutourd

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Photos © Bruno Chaumontet 2000