L’agriculture

Comme dans toute les régions de montagne, l'élevage et la sylviculture (entretien et exploitation des forêts) prédominent. A Saint Sigismond comme ailleurs, les habitants surent assurer leur autosufubsistance dans le respect de leur environement. Ainsi, malgré des conditions peu favorables (climat froid et terres en pente), la polyculture céréalières et fourragères était présente jusqu'à 1100-1200 m d'altitude comme à Agy ou à la Côte au dessus des Alluaz. Elle servait à l'alimentation de la famille et des animaux : blé et seigle pour le pain, lin pour l'huile, orge et avoine pour pour les vaches et le cheval. De même y trouvait-on des cultures de chanvre (Cannabis sativa !) dont la robustesse des fibres était exploitée à de multiples usages : de la confection de chemises, draps....à la fabrication de cordes.

Autre aspect : les 'villages" - forme d'habitat groupé autour d'une source d'eau (Saint Sigismond en compte 6 principaux) - étaient, malgré l'altitude, tous entouré de vergers, principalement de pommiers etr de poiriers, qui servaient à la fabrication du "vin" (jus fermenté gardé en tonneau) et de la gnole (eau de vie). Le noyer était aussi fréquent : on décortiquait les noix durant les longues veillées d'hiver avec les voisins pour faire l'huile. Même l'osier sauvage qui poussait près des nants servait à la confection de paniers.

Par ailleurs, les cultures potagères couvraient pour l'essentiel, les besoins annuels des familles en légumes (pomme de terre, choux, poireaux...;), les déchets n'existaient pratiquement pas car tout était soit donné aux bêtes soit recyclé comme fumier ou compost sur les champs.

Souvent les éleveurs étaient aussi fromagers. Ils produisaient beurre, crème et tomme pour leur consommation propre et pour la vente directe. D'autres livraient leur lait à la fruitière (coopérative laitière) qui fabriquait le reblochon et "le fromage" (grande meule à pâte dure) qui nécessitaient un long travail d'affinage et de caves appropriées.

Il faut relever que l'autosuffisance passait nécessairement par l'entraide familiale et de voisinage : en été durant la dure période des foins, en hiver pour le déneigement des chemins (jusqu'aux alpages des Flatières et des Charmettes sur le plateau d'Agy ou était stocké le foin qu'il fallait descendre), au printemps pour l'entretien des parties communes comme les chemins et fossés.

Une intense vie paysanne existait encore il y a 30 ans. Aujourd'hui, à Saint Sigismond, il n'y a pratiquement plus de vaches et il ne reste que deux éleveurs de chèvres (familles Baud-Ambuis et Varengot) et un éleveur de moutons (famille Trombert), des dizaines d'hectares sont en friches couvertes "d'épines" (églantier ou gratte culs) ou de ronces, malgré le travail d'entretien effectué par certains.

Jean Michel Corajoud

Références : entretiens avec Mesdames Thérèse Gélinotte et Marcelle Trombert et Monsieur Gaston Berthod.

 

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