Le paysage

Le paysage qui se déploie devant vous est le résultat d'une activité géologique de quelques millions d'années. Nous avons choisi de faire commencer cette histoire du sommet le plus haut de la chaîne alpine, le Mont Blanc à 4807 m, pour s'achever au fond d'une vaste vallée, la vallée de l'Arve, à 500 m.

Face à l'église, entre terre et ciel, émerge un petit dôme enneigé : le Mont blanc. Bien avant sa naissance, la mer occupait les lieux déposant des centaines de mètres de sédiments. La dérive des continents rapproche l'Afrique de l'Europe. La collision de ces deux continents fait émerger la chaîne alpine de la mer, poussant de part et d'autre l'épaisse accumulation de sable, d'argile et de coquillages stockées au fil des millénaires.

Les grandes falaises acérées que nous apercevons sont une partie de cette couverture sédimentaire. Elle s'élève à la verticalesur quelques 300 m et délimite le massif du haut giffre sur sa partie ouest. L'aiguille de Varan (ou Warens) culmine a 2544 m, suivie d'un chapelet d'autres sommets plus ou moins hauts : Aiguille rouge (2633 m), Tête du Colonney (2692 m), Croix de fer (2397 m)....

Devant cette muraille abrupte peu propice à la végétation, le relief s'adoucit peu à peu en vagues successives. Tout en perdant de l'altitude, les conditions de vie se font meilleure et le sommet de l'Arbaron (1953 m) marque la limite des premiers arbres.

Toujours en descendant, la forêt clairsemée fait place à une forêt plus dense et sombre dont l'espèce principale est l'épicéa. Quelques larges trouées marque le passage des pistes de ski des Carroz et souligne ainsi une activité humaine conséquente liée au tourisme.

Plus proche de nous maintenant, à droite du clocher de l'église, la pointe de Chevran (1222m) s'impose et verrouille avec la pointe de Nancy (1191 m), la porte d'entrée des alpes. L'étroit passage entre ces deux sommets canalise l'eau de tout le massif. Cette eau a contribué à façonner le paysage en approfondissant les vallées, suivi du travail des glaciers qui descendaient jusqu'à Lyon. Passé ce verrou, une vallée plate calme les eaux tumultueuses de l'Arve. Cette plaine sur laquelle Cluses a pris racine, est largement encombrée ds résidus d'érosion du massif du Mont Blanc et autres massifs environants.

Dans la continuité de la pointe de Chevran - pointe de Nancy, le Bargy, masse rocheuse en dos de baleine, est un bel exemple de déformation de la couverture sédimentaire, engendrée par la surrection de la chaîne alpine. En rive droite de l'Arve, sur le versant ensoleillé, les coteaux de Saint Sigismond s'élève doucement sur un terrain morainique constitué de débris de roche transportées par les glaciers. La montagne d'Agy met une limite à ce premier panorama avant de basculer vers la vallée du Giffre.

Ce paysage apparemment figé évolue encore aujourd'hui. Imperceptible à l'œil, le Mont Blanc grandit encore. Nous en percevons parfois les tremblements de terre.

Anne Huber

Bibliographie :

 

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